vendredi 1 février 2013

2h30 du matin, je me lève dans la nuit, je détache ma moustiquaire et la range dans mon sac. Fin du séjour dans le Siné-Saloum.
Je traîne mes bagages dans le sable jusqu'au fromager. Impossible de rester dessous pour attendre le bus, des dizaines d'oiseaux sautent de branche en branche...danger dessous, ce n'est pas le moment de se faire tâcher!

Plusieurs lampes de poche brillent dans la nuit: les arpenteurs du bus frappent aux portes pour réveiller les habitants qui ont réservé leur place: pas de réveil, il faut bien trouver une solution pour ne pas rater le bus.

Plusieurs chiens hurlent, les chats se faufilent entre les paillottes, les calèches nocturnes rentrent après une grosse journée de travail...les brebis bêlent, la vie me semble belle.

Le bus arrive doucement. Je donne mes bagages et je grimpe pour prendre une place. Je ne choisis pas la meilleure: la porte centrale s'ouvre toujours, il fait bien frais, et à chaque arrêt on frappe sur la tôle sous ma fenêtre pour signaler au chauffeur qu'il peut repartir...

Il faut une heure au bus pour n'oublier personne au village...moi j'attends l'adresse "Garage"...un secret...ma chère Nga monte avec moi sur Dakar. Comme promis, grâce à un lecteur de ce blog et par le biais de mon association Hand'In Nature, je vais lui acheter la machine à coudre qui va lui permettre de coudre ses broderies et d'augmenter ses revenus. Je la vois monter, elle me reconnaît, seule toubab ( blanche) parmi les kinoubals ( noirs)... On se sert dans les bras. Mon dieu, que son sourire est beau! Elle a attaché ses cheveux avec un bandeau de toutes les couleurs et a mis une paire de jolies boucles d'oreilles qui lui tombent dans le cou comme un serpent...
Le bus redémarre...les lumières s'éteignent les unes après les autres...Je me cale contre la fenêtre, Nga pose son front sur le siège de devant...

Je reçois un message pour me rappeler mon arrêt. Mon amie décide de descendre avec moi pour me rassurer. Après quelques minutes d'attente on vient me chercher en voiture. Je découvre un peu de ma famille de la capitale par alliance...ça me fait tout drôle...

Je voudrais que la voiture fasse un détour pour Nga...mais je la vois s'éloigner seule au bord de l'autoroute rejoindre sa vie à elle. Dans deux jours je la revois, mon coeur se détend à cette idée mais je ne peux m'empêcher de me projeter à 8000km sans elle...Nga...

Quelques temps de vie de famille, simples, agréables...malgré tout je suis assez triste de voir que le monde occidental a atteint l'Afrique. Les enfants sont scotchés devant les écrans, inactifs, ils mangent, ils tapent, ils pleurent...Les Ipod, Ipad, télévisions ont remplacé le plat commun...l'attention se détourne de l'essentiel...les yeux ne brillent pas pareil... on achète industriel: on n'a plus le temps du "faire"... La nature se replie dans les jardins; les rails sont tapissés de peau de mouton ou d'agneau, les enfants des villes jouent dans les détritus mais ces "pauvres" restent loin de la technologie et leurs regards pétillent malgré tout... Enfants des rues, tablettes coraniques entre les mains, récitant les versets à la gloire d'Allah...vous êtes beaux aussi quand vous tournez votre visage et vos lèvres murmurantes vers moi...Je vous photographie du regard...ancrage à encrer...

Lundi matin, péripéties pour récupérer l'argent qui va me permettre d'offrir l'outil de travail à mon amie. Une fois l'enveloppe serrée contre mon coeur, bien coincée dans mon sac, je souris à l'idée de revoir mon amie...pour le dernier jour.

Rendez-vous à la médina: immense marché, étals de fruits, de légumes, travail du cuir, du bois...quartier vivant. J'ai beau être blanche, personne ne me saute dessus. Je suis accompagnée il est vrai mais je sens bien qu'ici, ce n'est pas vraiment un lieu touristique. C'est un lieu comme je les aime dans ces villes d'ailleurs: ça vit, ça parle, ça échange en criant et dansant, ça colore, ça rit....

Nga me rejoint devant le stade Ibar Mar Diop. Je prends une photo, c'est interdit. Trop tard, c'est dans la boîte!

Papou nous suit jusqu'à la boutique. C'est un grand moment pour moi et certainement aussi pour Nga.
La machine lui appartient!

Après avoir déposé la machine dans un lieu sûr, nous rejoignons place de l'Indépendance ma nouvelle "tante" chez qui je suis accueillie comme un nouveau membre de la famille...
J'ai décidé d'inviter tout le monde au restaurant...Même si le repas est froid car nous sommes arrivés tard, le moment partagé est pour moi très émouvant...je ne sais pas ce qu'il y a sous ce partage, je regarde le passé, le présent, l'avenir, je pense aux retrouvailles alors que je ne suis pas encore partie, je  trame, je tisse intérieurement, et je ne peux m'empêcher d’œuvrer à relier ces personnes qui ne se connaissent pas pour qu'elles puissent en mon absence peut-être mieux se découvrir...Je sens que les choses sont justes et vraies, surtout sans pression...Nga me glisse souvent dans l'oreille que je vais lui manquer...Elle me manque déjà aussi mais je tente de ne pas le laisser paraître...


Après le repas, nous sommes allées dans une librairie acheter "the" livre dont m'a parlé Nga:  Une si longue lettre de Mariama Bâ. A cette heure, je l'ai presque fini, et c'est un enchantement...La poésie me relie à mon amie, à ces femmes qui affrontent ceux qui veulent les soumettre avec violence, sans violence: la plume, le détournement, les mots et l'attitude juste. Nga, ta vie n'a pas été facile et je comprends combien Mariama Bâ t'a aidée dans ta lutte pour trouver la force de laisser derrière toi celui qui t'a fait tant de mal...ceux qui t'en ont fait plus largement. Tu m'as donné de précieux conseils pendant ce séjour. Pour moi tu es une soeur, pour ces femmes que tu aides, une lumière... Je suis contente de t'avoir donné en échange le livre d'Aminata Traoré L'Afrique mutilée. Il t'était destiné...

Je suis repartie avec tous tes petits sacs à vendre en France ainsi que tes bonnes cacahuètes...je veux revenir avec ce qui pourra t'aider à monter ton projet, et je suis heureuse de savoir qu'un lien entre toi et Fambine est aussi en train de naître...

Des prénoms ricochent à mes oreilles en ondes bénéfiques: Moustapha G., Nga, Souleymane, Aïssatou, Ousmane bébé, Mariama(S)...la musique des machines à coudre dessine une "portée"...je m'y ac-CROCHE...

Lendemain calme. Les fils deviennent tresses, je laisse mes cheveux entre les mains d'Aby, jolie et gentille couturière sourde et muette...toi aussi tu as besoin d'être aidée, accompagnée...Nga va venir te rencontrer, te serrer une main amie...Aby...merci...


Le taxi m'emmène vers l'aéroport. Je regarde les derniers soleils du sud, je ferme les yeux...

Bruxelles, 4h15 heure africaine, 5h15 chez les gris: ça pleut...intérieurement. Je m'endors dans l'aérogare allongée sur quatre sièges. Je n'ai peur de rien, je me sens à nouveau confinée dans une bulle, celle du souvenir, celle où je choisis qui peut y entrer et en sortir...J'ai le coeur gros, gros de bonheur, le reste n'y prend plus part...j'élague, je ne garde que le meilleur, je fais un peu de place pour le partage du retour avec les gens qui m'aiment et m'attendent.

Je reviendrai vite...je le sais...

Ce matin dans ma cuisine contemporaine, devant le lave-vaisselle, je reçois un message d'Nga écrit en lettres majuscules: "TU NOUS MANQUES DEJA."

Nga, je t'aime... Sénégal, pluie du dernier jour, toi qui a pleuré pour me dire au revoir...attends-moi.
Derniers jours à Diofior...j'en profite une dernière fois pour aller rendre visite à mes amis de Rôh. Mes yeux impriment une dernière fois cette vie rurale, simple, aimante...

Les animaux m'offrent leur beauté naturelle...
A l'heure où j'écris ces mots je suis rentrée. Je suis repassée par la case civilisation et franchement, je ne pense pas que la modernité soit une pierre de "développement"...Un contre-point peut-être au monde traditionnel, mais pas forcément un contre-point qui aide l'humain ou l'animal à mieux vivre...dans leur coeur...et leur corps...



Derniers moments de partage autour d'un succulent Thie bou dien au poisson dégusté dans le petit jardin aux graines magiques...


J'ai vraiment fait le souhait, puits à l'appui...de revenir bien vite...


jeudi 24 janvier 2013

Je revêts mon habit de "Hand'In naturienne" pour enfin aller faire le lien à Fambine pour une association toulousaine.

Fambine est une petite île au large de N'Dangane. Un lieu qui brille comme une bulle, un lieu qui devient rose le soir et qui sent bon l'air du large...mais un lieu isolé qui manque de beaucoup de choses et vit surtout de la pêche, du fumage de poisson, d'amour et d'eau fraîche.


J'ai décidé d'y aller avec la pirogue des locaux appelé " Courrier". J'y suis restée deux jours. Le premier jour, un ami m'a accompagnée mais j'ai décidé de prolonger mon séjour pour bien faire le tour des besoins et surtout pour mieux connaître le chef du village, Souleymane, le directeur de l'école élémentaire et quelques habitants;

Je suis devenue une passeuse de voix pour l'association "Les amis de Fambine" que je vais contacter à mon retour pour leur donner des nouvelles de ceux qu'ils ont grandement aidés et qu'ils aident toujours avec autant de coeur. J'aime ce rôle de liaison, de fil à tisser dans un entre-deux qui devient croisement avec mes propres fils...Patchwork de vies à réunir, merveilleux tissu d'humanité.

J'aime ça.

Pour tout ça je me sens vivre.

Départ de N'Danguane: il faut patienter dans la pirogue commune, attendre qu'elle se remplisse de sacs de mil, de riz, d'oignons, de pommes de terre, de moteurs, de bois...il fait très chaud, le soleil darde ses rayons, mais qu'importe. Tout est beau.


La traversée donne très chaud et il faut résister plus de deux heures! Je suis obligée de m'entourer la tête d'un tissu que je trempe dans l'eau. 14h20,les hommes plongent la tête par-dessus bord après avoir demandé l'heure...Rien de grave: c'est l'heure de la prière! Assister à cela dans une pirogue c'est assez amusant mais je n'en montre rien par respect.

Un étudiant discute avec mon ami et moi: nous parlons beaucoup d'environnement, du danger des antennes relais qui commencent à pointer leur nez partout sous prétexte de réduire la fracture numérique. Pour financer des panneaux solaires qui amènent le wifi qui tuent les gens, Orange n'hésite pas...peut-être serait-il plus opportun d'apporter l'électricité dans les maisons qui n'en ont absolument pas car les panneaux solaires installés sont défectueux et aucun service de réhabilitation n'est mis en place. Grosse hypocrisie où les priorités se font manger par du superflu...En attendant, le soir les enfants ne peuvent pas étudier, même à la bougie car le stock s'épuise.Ça c'est de la fracture! Quant aux femmes, elles cuisinent comme elles peuvent éclairées par les flammes du feu de bois, et restent assises en attendant d'aller se coucher: lecture, jeux, rien n'est possible...

Nous arrivons à l'île de Djirnda: un embarcadère tout simplement magique...pas de "toubab", juste des gens calmes qui attendent leur pirogue, des enfants qui travaillent à ramasser les coquillages avec une charrette tirée par un âne, un soleil qui fait miroiter l'eau en mille ocelles et un homme des grands chemins qui nous propose une conversation spirituelle si intéressante qu'il en rate sa pirogue. Il la regarde s'éloigner...immobile puis revient vers nous, calme et sage, espérant qu'une autre prendra la relève...ou pas...



Surprise et confuse, alors que les jeunes collégiennes de Fambine s'entassent dans une pirogue, le chef vient nous chercher avec une immense pirogue pour deux. Superbe, mais je me sens très mal à l'aise car je n'aime pas me sentir "privilégiée"...Je profite cependant de cette traversée au calme...

Nous abordons la petite île en fin d'après-midi...



Accueil chaleureux tout au long de la traversée du village.

Le chef reprend les gens qui nous appellent " toubab"...la réponse à "blanc" est "Kinoubal": noir...C'est comme ça, nous avons un prénom, il suffit de le demander...
On nous emmène dans la maison où vivent les filles du chef. Je suis étonnée de voir que l'habitat ici est en dur partout. Pas de case.
Nous donnons les oignons et les pommes de terre que nous avons apportés car sur l'île il n'y en a pas. J'aide les femmes à les couper et les chèvres en profitent pour nous piétiner les orteils. Moment vraiment agréable!

Le coucher de soleil prend des airs de peinture. La vue extérieure de l'école est splendide!


Le directeur de l'école est présent. Il m'explique que ce qui fait défaut c'est l'absence de latrines. Les enfants doivent retourner chez eux en courant lorsqu'ils ont envie d'aller aux toilettes ou tout simplement faire sur le sable autour de l'école. Le problème de l'hygiène est ici aussi une grosse préoccupation.
Les panneaux solaires installés apparemment par l'Etat ne fonctionnent pas et personne n'est capable de les réparer et l'île se trouve donc plongée dans la pénombre très tôt.
Un groupe électrogène fonctionne parfois mais au gasoil. Mais cette énergie coûte très chère et donc peu utilisée. Un travail sur les énergies renouvelables à condition de former les gens localement pourrait être envisagé. J'ai fait un premier contact avec l'association de Diofior qui semble avoir de bons contacts dans ce domaine. L'idéal serait de revenir avec des bénévoles calés dans ce domaine et aptes à créer un réseau de partenaires et une formation sur place.

Les Amis de Fambine m'ont demandé de faire le point sur le stock de bougies: il s'épuise évidemment très vite.

Comme pour tout, il faut prendre la pirogue pour s'approvisionner. Deux heures de pirogue pour aller jusqu'à la terre et deux heures pour revenir obligent à utiliser beaucoup de gasoil. Bien sûr, l'espace de la pirogue est optimisé mais les moyens manquent cruellement.

Le chef Souleymane qui semblait très fatigué m'a proposé de rester une journée de plus. J'ai donc délégué la préparation du goûter à mon ami et j'ai accepté l'offre.
La nuit est vite tombée.
L'occasion de découvrir la chambre et la salle de bain à la lueur de la bougie!


Au petit matin, on nous a apporté des beignets de farine de mil, tout chauds et même si j'évite en général de manger si gras, j'avoue les avoir trouvés extrêmement bons. Le pain est préparé sur l'île mais beaucoup plus tard. Nous sommes partis cette fois rejoindre l'île de Djirnda par les terres. Grâce au ponton qui mérite cependant d'être réparé pour des raisons surtout de sécurité, les étudiants n'ont plus à traverser la mangrove avec de l'eau jusqu'à la taille! On est bien obligés encore d'y plonger les pieds. Au petit matin quand il fait frais, il y a encore de quoi attraper un beau rhume.....par contre c'est vraiment très beau et paisible.



Les femmes replantent les palétuviers des mangroves car ces derniers purifient l'eau et protègent la reproduction des poissons.


J'ai ensuite fait une visite de l'île de Djirnda où se trouve la station de pompage de l'eau. Le forage par la suite est réparti sur 5 îles. Mais encore une fois, par le manque d'électricité, l'eau peut manquer cruellement et il faut rester bien organisé.




Lorsque le forage aussi d'une île ne fonctionne plus, le village s'organise avec une pirogue pour remplir le maximum de bidons, c'est un travail extrêmement long et pénible. Les bidons pleins sont très lourds.

L'île de Fambine a été dotée d'une machine à filtrer l'eau par une société belge. Un fontainier a plus ou moins été formé mais c'est surtout Souleymane qui se charge de la gestion pratique de la machine.
En tout cas, l'eau n'est plus saumâtre et elle est même meilleure que l'eau Kirène que j'achète en bidon. Elle revient aussi moins chère pour les habitants.

L'île pour pourvoir a ses besoins a plusieurs activités: l'atelier de pirogues qui sont vendues dans tout le Sénégal, le fumage du poisson exercé par les femmes- poisson qui ensuite est exporté, et la mise en place dans une autre petite île d'un campement touristique avec un accueil fait par les femmes. L'argent récolté sert aux multiples réparations de l'île, à l'achat du gasoil et au soutien des activités des femmes.

Une femme est aussi responsable de chaque point d'eau installé dans le village. Il semble que l'organisation sur cette île fonctionne bien. Des personnes locales sont désignées pour des tâches et cela semble bien fonctionner.

J'ai rencontré le responsable de la case santé autour d'une bougie dans la maison.


 L'association des Amis de Fambine paye une formation à Kaolack d'infirmier pour un habitant. La case santé a aussi été bien réhabilitée. J'ai donné des conseils pour créer un lien avec des tradi-praticiens et surtout pour apprendre à se soigner le moins cher possible et le plus efficacement possible avec des produits naturels de base comme le chlorure de magnésium et l'argile. J'ai aidé à préparer un sirop d'oignon pour une petite fille malade. Le matin, il lui a été administré et apparemment déjà le soir cela allait mieux et le chef était content d'avoir appris à faire ce remède.

J'ai aussi été stupéfaite de voir la qualité de la gestion de l'école y compris par le nouveau directeur.

Nous avons le même âge, et nous avons tout de suite sympathisé. Mon passé d'enseignante a été ici vraiment utile, et il m'a tout de suite ouvert ses cahiers, armoires, préparations avec beaucoup d'explications.





J'ai été étonnée de voir que les enfants au CM2 font du saut à la perche et utilisent pour cela le bois des arbres des Mangroves:


Nos échanges ont été très constructifs, et j'ai vraiment vu sa passion pour enseigner et fonctionner avec les autres enseignants. Lorsque j'ai vu la bibliothèque et les soucis d'exploitation, j'ai partagé le projet que j'ai commencé à mettre en oeuvre à Diofior et tissé quelques possibilités de fils à mettre en commun si je reviens: Inch 'Allah...Toujours jaillit cette nécessité de faire travailler les éditeurs africains et parallèlement de pouvoir fonctionner en réseau avec les bibliothèques de Dakar.


Nous avons surtout parlé aussi de la mise en place d'une Case de préparation au CI qui est l'équivalent d'une grande section avant le CP au Sénégal. Ici, aucune école maternelle, les enfants vadrouillent dans les rues, autour de l'école qui n'a pas de limites de "cour". Dès le plus jeune âge, ils s'adonnent à la lutte, le sport favori du pays avec le football.


Cela m'a permis de créer un projet de restructuration à mon retour sur le fonctionnement de l'école maternelle de Diofior qui a priori a plu aux autres bénévoles, stagiaires ainsi qu'au Président. J'en parlerai plus tard.

J'ai vraiment apprécié les activités mises en place adaptées pour une fois au niveau des enfants. Enfin, j'ai vu des tables disposées pour des travaux de groupe et de jolis dessins au tableau pour l'apprentissage du vocabulaire à partir de l'environnement proche de l'enfant.




L'après-midi j'ai été invitée à un baptême. Étrangement l'ambiance était différente de celles que j'ai vécues à Diofior.
 
Des danses, des chants, beaucoup de nourriture aussi mais une ambiance beaucoup plus intime, chaleureuse...peut-être n'était-ce qu'une sensation faussée par le plaisir de me sentir libre de cette escapade...en tout cas les femmes dansaient les unes après les autres merveilleusement bien avec des sourires éclatants.

La fin de la journée a été occupée par la visite de l'atelier pirogue qui demande énormément de travail et la présence d'un petit groupe électrogène fonctionnant au gasoil...




Puis Souleymane m'a expliqué l'une des activités essentielles des femmes sur l'île: l'atelier de fumage des poissons qui permet même d'exporter ces produits.

Grilles de fumage
Les femmes participent aussi ponctuellement à un comité d'accueil pour les touristes dans un campement touristique qui a été construit à proximité sur une petite île. L'argent qu'elles récoltent leur permet de développer leurs activités individuelles et de subvenir à leurs besoins: achat de l'eau filtrée, des légumes, des bougies...

Souleymane m'a permis de découvrir l'île de Djirnda avec laquelle il fonctionne par sa proximité, son collège, ses commerces, sa mosquée...


Le long des mangroves, les enfants courent entre ces petites îles et traversent le ponton pour vendre quelques glaces ou jus de bissap...La vie s'organise localement, il faut vivre ensemble et ça rend aussi heureux... L'énergie de l'enfance se trouve bien plus dans le monde rural que dans les cités urbaines où le "développement" crée le retrait de soi et des autres...







Au petit matin, au moment où je m'apprêtais à prendre mon petit déjeuner, on est venu me chercher en courant car une pirogue partait de Fambine jusqu'à Djirnda. Ce n'était pas prévu, je pensais rejoindre l'embarcadère du courrier ( la pirogue locale qui relie les îles à la terre) par les mangroves. J'ai juste eu le temps d'attraper mon sac à dos, on m'a mis deux beignets de mil brûlants et gras dans les mains et je suis partie en courant à travers le village jusqu'au ponton, accompagnée de la fille du chef et de son bébé. J'ai aidé une femme et son mari à remplir l'embarcation de bois puis nous sommes partis dans la fraîcheur et la beauté du lever du jour. C'était tout simplement magique même si la fatigue se faisait sentir...


Le retour a été assez long et contrairement à l'aller en plein soleil, j'ai eu un peu froid. Les matinées dans les îles à cette époque sont fraîches. J'ai pu voir tous les campements touristiques installées en bord de l'eau et j'ai bien compris combien l'argent amené par cette activité était nécessaire pour les habitants. Pour ma part, cela ne me plaît pas: trop lisse, trop parfait...j'imagine les faux souvenirs de ces touristes qui eux ont de l'eau, de l'électricité, de bons lits et des transats pour rêver les pieds dans l'eau...
Quid de la vie rurale, de la corvée d'eau, de la vaisselle dans des bidons coupés, de la lessive dans des énormes bassines, de la présence des biquettes pendant que l'on coupe les quelques oignons, du hennissement de l'âne qui attend devant la case que l'on vienne lui donner à manger ou lui atteler une charrette...

... mais aussi des toilettes que l'on ne peut vider pour faute d'eau, de la douche en bidons que l'on prend à la lueur d'une bougie, des dents que l'on brosse au-dessus du trou des toilettes avec une odeur qui s'imprègne dans les cheveux...des pieds qui trempent dans je ne sais quoi pendant que les blattes grimpent au mur... Mais cette vie là, c'est aussi la vie avec les locaux, le repas partagé une fois, deux fois, trois fois selon que l'on tourne à gauche dans les ruelles ou à droite...les soirées à la bougie, les jeux d'ombres sur les murs, les enfants qui se lovent contre les seins pour se réchauffer pendant que les adultes picorent les cacahuètes salées...

Et vogue la pirogue...

J'ai sauté les pieds dans l'eau à l'arrivée à Ndangane pour attraper un taxi-clando où j'ai partagé avec trois personnes le siège avant la tête presque collée au pare-brise brisé puis j'ai attendu une heure trente dans la petite ville d'à côté que le petit bus local se remplisse, les pieds coincés dans un sac de poissons coulant...J'ai fini à pied la traversée de Diofior jusqu'à l'association où j'ai pu enfin m'asseoir, le sourire jusqu'aux oreilles, heureuse de cette escapade et de ces nouvelles connaissances qui depuis ne cessent de grandir, d'appel en appel, d'ami en ami..... La vie ça va, ça vient, ça va surtout quand on ne se sent plus seul ou coupé de ceux que l'on aime ou aide...




mardi 22 janvier 2013

Mère et fille









...une histoire d'amour: un savoureux tissage entre musique, cuisine et couture...

Sans oublier le champ/chant du frère...


 Dans cette famille...il y a de l'or...

L'ex-petite indienne en Afrique! Le riz d'ici ou d'ailleurs...